Le GFU dans rue89 «À Uzeste, des citoyens rachètent la forêt pour la protéger»

Le Groupement Forestier Uzestois s’emploie à racheter des parcelles de forêt pour « préserver » sa biodiversité. Organisés en société civile, une centaine d’adhérents souhaite ainsi préserver ce « patrimoine naturel » de la sylviculture intensive.

Publié le 02/01/2020  par Céline Belliard 
dans le dossier #30 : Pour une autre culture de la forêt en Nouvelle-Aquitaine

Dans le Morvan en 2017, en Corrèze cette année, dans le Vercors ou en Haute-Savoie… De plus en plus de citoyens se regroupent pour acheter de la forêt, alertés par la pratique des coupes rases et pour lutter contre l’exploitation intensive et la monoculture des résineux.

À Uzeste, des citoyens se sont lancés dans ce même mouvement depuis 1992, en créant le Groupement Forestier Uzestois (GFU), une société civile à objet forestier. Le groupement compte aujourd’hui une centaine d’adhérents et gère environ 30 hectares dont la moitié ( 16 ha) en propriété propre.

Pour une forêt sans herbicide

Son gérant, Pascal Seguin, ancien médecin à Uzeste et maire de la commune entre 1989 et 1995, explique la genèse du GFU :

« En 1992, on s’est aperçu que certains propriétaires forestiers détruisaient des chemins ruraux en passant dans leurs parcelles avec leurs engins, empêchant les accès à certaines maisons. Nous avons remarqué que les méthodes de sylviculture employées détruisaient tout : les chênes, le sous-bois, toute la biodiversité. Ils emploient des herbicides alors que le code de bonne pratique le déconseille, chacun fait ce qu’il veut… »

Une affaire a en effet secoué le landerneau en Sud-Gironde, à l’été 2018. Un apiculteur de Saint-Symphorien a alors été contraint alors de jeter une partie de sa récolte de miel produit en forêt, après la détection de taux de glyphosate importants. Environ 2000 hectares auraient été traités avec le célèbre herbicide pour éliminer la bruyère en fleur en Sud-Gironde, révélait France Bleu.

Alain Chollon, habitant de Saint-Symphorien depuis 30 ans et propriétaire d’une quinzaine d’hectares de bois a choisi de rejoindre le groupement car il a vu « le paysage se transformer » tout autour de lui :

« La forêt est mécanisée, on utilise des gros tracteurs, on dessouche et on replante en mettant des intrants. On plante des pins comme des carottes ! Il y a un combat à mener dans les Landes de Gascogne » estime-t-il.

La démarche du groupement s’inscrit en opposition à ce mode de sylviculture. L’idée est de préserver la nature et de la laisser reprendre ses droits dans les parcelles rachetées, dans l’esprit de la gestion Pro Silva. Le GFU a d’ailleurs fait appel aux conseils de Jacques Hazera, vice-président de l’association de forestiers Pro Silva.

Pour une forêt mélangée

« Nous voulons une forêt mélangée, pas de labour, aucun apport, un sol couvert. L’intérêt de faire du bois, c’est de fixer le CO (dioxyde de carbone). Une tonne de bois permet de prélever 1, 8 tonnes de CO ! » s’enthousiasme Pascal Seguin.

C’est la vente du bois qui finance le rachat progressif de parcelles ainsi que les cotisations des sociétaires, au prix de 400€ la part. L’ensemble des profits réalisés lors de la vente de bois sont réinvestis. Le groupement est cependant confronté à la difficulté de trouver de la forêt à acheter : les propriétaires ont un droit de préemption quand des parcelles attenantes à leurs propriétés sont à vendre.

Lire l’article original sur https://rue89bordeaux.com/2020/01/a-uzeste-des-citoyens-rachetent-la-foret-pour-la-proteger/

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